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Syrie : Washington compte déplacer le front des combats du Nord vers le Sud

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La base aérienne de Shayrat n’a guère été endommagée et les vols militaires ont repris le 8 avril 2017. ©AFP

Interrogé par l’agence de presse iranienne Tasnim, le stratège militaire syrien Omar al-Maarbouni revient sur la frappe américaine du 7 avril contre un aérodrome de Homs, frappe dont les « effets ont été totalement neutralisés ».

Le stratège militaire syrien, Omar al-Maarbouni (Archives)

« En frappant le sol syrien, les États-Unis ont cherché en réalité à livrer plusieurs messages. Le premier concernait l’Amérique elle-même. Le milliardaire qu’est Trump, s’est fait lamentablement piéger par les instances du pouvoir traditionnel liées au milieu du renseignement. Le plan a été savamment concocté et, novice qu’il est, Trump n’a pas pu ne pas y tomber. 

Le second message s’adressait à la Syrie, aussi bien la nation que le gouvernement. Washington voulait saper le moral de la population et des soldats syriens. Or, la frappe a produit l’effet inverse, car les Syriens ont réitéré leur total soutien aux forces armées du pays. Quant à l’État syrien, que les Américains ont tenté de la sorte de faire chanter, il a lui aussi réaffirmé dans un communiqué d’une clarté totale que la sécurité nationale passait avant toutes ses priorités. D’ailleurs, l’armée syrienne vient de déployer ses missiles Yakhont sur ses côtes, en les braquant sur l’armada US. 

Le troisième message de la frappe américaine était destiné à l’axe de la Résistance et à ses deux principales composantes, l’Iran et le Hezbollah. De ce côté-là, la réponse a également été ferme et aussi bien l’Iran que le Hezbollah ont insisté sur le fait que leur réponse à “toute action militaire à venir sera ferme et catégorique”. 

Mais les États-Unis ont aussi voulu remonter le moral à leur allié israélien, toujours traumatisé après le choc que fut la destruction de l’un de ses chasseurs en plein ciel israélien. Les Américains ont tenté de redorer le blason d’une “puissance israélienne” gravement atteinte, en frappant la base de Shayrat, cette même base dont les batteries de défense S-200 avaient réussi d’abattre l’un des 4 chasseurs israéliens impliqués dans un récent raid contre la banlieue de Damas. Cette riposte balistique de Damas a carrément changé la donne de la guerre en Syrie. Missile contre bombardement, voilà l’équation qui devrait régir désormais les rapports entre la Syrie et Israël. En bombardant Shayrat, les USA ont essayé de ramener le tout à la case départ et de dépouiller la Syrie de ses capacités de représailles. 

Un dernier message, de loin le plus dangereux, s’adressait à la Russie, une Russie qui a très rapidement réagi et fait comprendre par la voix de son président, de son ministre des Affaires étrangères et de son ambassadeur au Conseil de sécurité qu’elle ne renoncerait pas à ses positions et ne transigerait à aucun prix. 

Avec tout ce qui précède, une chose est évidente : la frappe US a totalement perdu de son efficacité. Cela étant dit, l’attaque américaine a redéfini la réalité de la guerre tout comme la configuration des forces : ce qui se passe en ce moment dans l’Est syrien, où les Kurdes armés et alliés de Washington ont assiégé Tabqa, demande un changement de tactique. Les terroristes de Daech abandonnent sans résister leurs positions les unes après les autres, positions dont s’emparent Kurdes et Américains. Parallèlement, ce même Daech n’oppose plus aucune résistance aux terroristes qui, placés sous l’ordre du CENTCOM en Jordanie, opèrent dans une vaste région s’étendant de la banlieue de Sweida à Deraa dans le sud de la Syrie, en passant par l’est du Qalamoun (où sont positionnées les forces de la Résistance, NDLR). Tous ces paramètres contribuent à la mise en œuvre du plan de l’administration Trump, lequel veut redéfinir la carte des combats et les déplacer du Nord syrien vers le Sud, près des frontières syro-irakiennes. Les Américains poursuivent un double objectif : contrôler les frontières entre la Syrie et l’Irak et empêcher ainsi la formation de toute voie de communication entre Bagdad et Damas d’une part et Téhéran et Beyrouth d’autre part. Un second objectif consiste à jeter les bases d’un État autonome kurde et à l’ériger en modèle pour d’autres pays de la zone que sont la Turquie et l’Iran. Mais les Américains sous-estiment une chose : Damas et ses alliés ont depuis longtemps prévu leurs agissements et sont fin prêts à y faire face. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV